José Antonio Pagola
Les juifs attendaient « la résurrection des justes ».
En 168-164 av. J-C, des fidèles juifs avaient été martyrisés en nombre incalculable par Antiochus Epiphane pour être restés fidèles à la Loi. Dieu pouvait-il abandonner définitivement dans la mort ceux qui l’avaient aimé jusqu’à mourir pour Lui ? Ne rendrait-il pas la vie à ceux qui l’avaient sacrifiée pour lui rester fidèles ? Telles étaient probablement les questions que se posaient les disciples de Jésus à sa mort…
- Daniel 12, 2 : « Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle. Les doctes resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui ont enseigné la justice à un grand nombre, brilleront comme les étoiles, pour l’éternité. »
- Textes apocalyptiques de l’époque comme Hénoch : « Les morts dans la douleur se dressent dans la joie… et les morts au nom du Seigneur s’éveilleront à la vie. »
- Seconde bénédiction des Shémoné esré récité au lever et au coucher du soleil : « Tu es puissant et tu humilies les orgueilleux, tu es fort et tu juges les oppresseurs, tu vis pour toujours et tu ressuscites les morts, tu commandes au vent et tu répands la rosée et tu fais vivre les morts. En un instant, tu fais naître notre salut. Béni sois-tu Seigneur, qui fais revivre les morts. »
- 2 Maccabées. Les frères disent : « Scélérat, tu nous exclus de cette vie présente, mais le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourrons pour ses lois. »
La mère les encourage : « Aussi bien le Créateur du monde vous rendra-t-il, dans sa miséricorde, et l’esprit et la vie
Cette vision est défendue par les pharisiens, rejetée par les sadducéens comme une « nouveauté » qui n’est pas attestée dans les traditions les plus anciennes.
Cette espérance aide sans doute les disciples à mieux interpréter ce qu’ils vivent. S’ils ressentent Jésus vivant, n’est-ce pas que la résurrection finale des Justes est arrivée. Jésus ne vit-il pas ce salut total de Dieu ?
Mais la résurrection anticipée d’une personne, avant la venue de la fin des temps, reste insolite. De plus les disciples parlent de la résurrection du Christ comme « prémices » d’une résurrection universelle, inauguration des derniers temps… Ils avaient senti en sa présence l’expérience de Dieu qui arrivait dans le monde, de manière nouvelle et définitive… Maintenant ils ressentaient, par sa résurrection, l’irruption libératrice de Dieu, venu inaugurer le Règne définitif.