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José Antonio Pagola

1 – Le Royaume est là :  « Jésus cheminait à travers villes et villages, prêchant et annonçant la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. » (Luc 8, 1)
Lorsque Jésus arrive dans un village, il recherche le contact avec les habitants… Le peuple, désormais, n’est plus obligé de se rendre au désert pour se préparer au jugement imminent de Dieu, c’est Jésus lui-même qui va de village en village, en invitant tous les habitants à « entrer » dans le Royaume de Dieu qui s’insère dans leur vie. La terre sur laquelle ils vivent est maintenant le nouveau lieu où accueillir le salut. Les paraboles et les images que Jésus tire de la vie des villages deviennent une « parabole de Dieu ». La guérison des malades et la délivrance des possédés sont les signes d’une société saine, d’hommes et de femmes appelés à jouir d’une vie digne des fils et des filles de Dieu. Les repas qui réunissent tous les voisins sont le symbole d’un peuple invité à partager la grande table de Dieu, leur Père à tous.

2 – Le Royaume est à construire : « Les temps sont accomplis, le Royaume de Dieu est tout proche… » (Marc 1, 15)
Le Royaume de Dieu ouvre un chemin où les malades sont protégés de la souffrance, où les possédés sont libérés de leurs tourments et où les pauvres retrouvent leur dignité. Dieu est « l’anti-mal » : il veut détruire tout ce qui fait souffrir l’humain…
Jésus ne se place pas dans le camp du peuple juif contre les peuples païens : le Royaume de Dieu ne consistera pas en une victoire d’Israël détruisant pour toujours les gentils. Il ne se situe pas non plus du côté des justes, contre les pécheurs : le Royaume de Dieu ne constituera pas une victoire des saints qui font payer aux méchants tous leurs péchés. Il se place aux côtés de ceux qui souffrent et contre le mal, car le Royaume de Dieu signifie la libération de tout ce qui empêche de vivre une vie digne et heureuse…
Toute l’activité de Jésus vise à la création d’une société plus saine : sa révolte contre les comportements pathologiques d’origine religieuse, tels le légalisme, le rigorisme et un culte ignorant la justice ; ses efforts pour créer des rapports sociaux plus justes et plus solidaires ; son offre de pardon à tous ceux qui sont plongés dans la culpabilité ; son accueil de tous ceux qui sont maltraités par la vie ou la société ; sa volonté de libérer tous les hommes de la peur et de l’insécurité pour vivre dans la confiance de Dieu. Guérir, délivrer du mal, tirer de la dépression, assainir la religion, construire une société plus aimable, voilà les chemins pour accueillir et développer le Royaume de Dieu.

3 – Le Royaume est à-venir : Jésus parle tout naturellement du Royaume de Dieu comme d’une chose présente, et en même temps, qui se prépare. Il n’y voit aucune contradiction. Le Royaume de Dieu n’est pas une intervention ponctuelle, mais une action continue du Père qui exige un accueil responsable, et pourtant ne s’arrêtera pas, en dépit de toutes les résistances, jusqu’à ce qu’elle ait atteint sa pleine réalisation. Un monde nouveau est en train « d’éclore », mais c’est dans le futur qu’il atteindra sa plénitude… Le Royaume de Dieu est déjà présent, mais comme une « graine » semée dans le monde ; un jour, on pourra faire la « moisson » finale…  « Père, que ton Règne arrive ! »