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La Lettre à Diognète

Datant des environs de 160, cette épître anonyme adressée à un païen de haut rang est une des plus ancienne apologies qui nous soit parvenues. Quoique l'on ignore tout de son auteur, elle est généralement classée parmi les écrits des Pères apostoliques.

"Les chrétiens ne se distinguent pas des autres hommes par leur pays, ni par leur langue, ni par l'habillement. Car ils n'habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n'emploient pas un dialecte spécial, et leur genre de vie n'a rien de singulier. Leur doctrine n'est pas sortie de l'imagination fantaisiste d'esprits excités ; ils ne se font pas, comme tant d'autres, les champions d'une doctrine humaine quelconque. 
Ils habitent donc, selon les circonstances, des villes grecques ou barbares ; ils se conforment aux usages locaux pour ce qui est des vêtements, de la nourriture, des coutumes. Et cependant, ils témoignent clairement d'une manière de vivre qui sort de l'ordinaire. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais ils y sont comme des gens de passage. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, mais ils supportent tout comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie une terre étrangère... Ils vivent dans la chair, mais pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais leur cité est dans les cieux. Ils obéissent aux lois établies, mais leur façon de vivre va bien au-delà de la loi.
Ils aiment tous les hommes, et pourtant tous les persécutent. Ils sont méconnus, condamnés, tués ; et c'est ainsi qu'ils viennent à la vraie vie. Pauvres, ils enrichissent un grand nombre ; manquant de tout, ils surabondent en toutes choses. On les méprise et dans ce mépris ils trouvent leur gloire ; on les calomnie et ils y trouvent leur justification. Insultés, ils bénissent ; outragés, ils honorent les autres... Pour tout dire : ce que l'âme est dans le corps, voilà ce que les chrétiens sont dans le monde."