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Hans Küng

Establishment [grands prêtres, anciens, scribes], révolution [zélotes], émigration [esséniens], compromis [pharisiens] – voici Jésus à la croisée de quatre options, dont la portée, aujourd’hui encore et dans une situation historique toute différente, garde toute son actualité…
Manifestement, Jésus ne s’est pas laissé annexer par aucun milieu : ni par les dirigeants, ni par les rebelles, ni par les moralisateurs, ni par la majorité silencieuse. Il s’est montré provocateur, tant à droite qu’à gauche. Il ‘a été protégé par aucun parti, mais a affronté tout le monde : il fut « l’homme qui fait éclater tous les cadres »…
Apparemment plus proche de Dieu que les prêtres, plus libre à l’égard du monde que les ascètes, plus moral que les moralistes, plus révolutionnaire que les révolutionnaires. Pages 92-93

L’enjeu est donc celui d’une dimension réellement autre : la dimension divine. Dieu est la Transcendance – mais qui n’est plus conçue d’abord sur le mode spatial, comme dans la physique et dans la métaphysique d’autrefois, où Dieu apparaissait au-dessus ou en dehors du monde. La Transcendance n’est pas non plus intériorisée, selon la conception opposée de l’idéalisme et de l’existentialisme : Dieu en nous. Jésus entend la Transcendance d’abord comme temporelle : Dieu en avant de nous. Il n’est pas simplement l’Eternel atemporel sous-jacent au flux monotone du devenir et de la série « passé, présent, futur, tel que nous l’ont fait connaître notamment la philosophie grecque. Dieu est au contraire l’avenir, celui qui vient, celui qui fonde l’espérance, tel que le donnent à connaître les promesses d’Israël et Jésus lui-même. Sa divinité apparaît comme la puissance de l’avenir qui illumine notre présent d’une lumière neuve. L’avenir est l’affaire de Dieu : autrement dit, quelle que soit la situation de l’homme individuel, dans sa vie comme dans sa mort, Dieu est là ; quel que soit le terme vers lequel l’évolution entraîne l’humanité entière, dans l’essor comme dans le déclin, Dieu est là, Réalité première et ultime. Pages 105-106

Jésus est une personne historique concrète qui possède un côté provocant, ce dont sont dépourvues les idées éternelles, les principes abstraits, les normes générales, les systèmes purement conceptuels…
Jésus [étant une personne historique concrète] bénéficie d’une force de persuasion face à laquelle les idées, les principes, les normes et les systèmes apparaissent muets.
Jésus [étant une personne historique concrète] montre une capacité de réaliser face à laquelle les idées apparaissent souvent comme des idéaux inaccessibles, les normes comme des lois inobservables, les principes et les systèmes comme des utopies étrangères à la réalité. Pages 268-270

Celui qui appelait à la foi est devenu le contenu de la foi… page 245

Qu’un homme prenne Jésus comme référence, qu’il se laisser déterminer par la personne de Jésus-Christ, comme modèle fondamental d’une vision et d’une pratique de la vie, et il en est transformé tout entier. En effet, Jésus-Christ n’est pas seulement un but extérieur, une dimension vague, une règle générale de comportement, un idéal intemporel. Il détermine et influence la vie et le comportement de l’homme non seulement de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur. Suivre le Christ n’implique pas seulement une information, mais aussi une formation ; pas seulement un changement superficiel, mais aussi un changement intérieur et, en conséquence, le changement de l’homme tout entier. Il s’agit donc, très exactement, de la formation d’un homme nouveau, d’une création nouvelle… Page 279… le « dépassement » de l’humain. Page 282